Retraite : pays avec l’âge le plus élevé au monde

Au sein de l’Union européenne, la différence entre l’âge légal de départ à la retraite atteint parfois plus de sept ans d’un pays à l’autre. Plusieurs États ont récemment relevé cet âge, invoquant la soutenabilité de leurs systèmes de pension face au vieillissement démographique.

Certains pays appliquent déjà l’un des âges de départ à la retraite les plus élevés au monde, dépassant les 67 ans pour certaines générations à venir. Les réformes prévues ou en cours pourraient accentuer ces écarts, modifiant durablement la trajectoire professionnelle des citoyens européens.

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Panorama de l’âge légal de départ à la retraite dans l’Union européenne

Dans l’Union européenne, parler d’âge légal de départ à la retraite revient à évoquer un puzzle où chaque pièce a sa propre logique. Le spectre s’étend de 60 à 67 ans, et parfois même davantage selon la date de naissance ou le sexe. Prenons la France : longtemps perçue comme l’enfant rebelle du système, elle a fixé l’âge légal à 62 ans et 6 mois pour les natifs de 1962, puis à 64 ans pour ceux nés à partir de 1968. Mais la trajectoire continentale, elle, avance vers un report généralisé de l’âge de départ.

Regardons l’Allemagne : la réforme est gravée dans le marbre. D’ici 2031, l’âge légal atteindra 67 ans (contre 66 ans et 2 mois pour la génération 1959). La Belgique et les Pays-Bas suivent la même voie, avec une progression vers 67 ans, et même 67 ans et 3 mois pour les Néerlandais d’ici 2029. Plus au nord, le Danemark repousse les limites : 68 ans pour les natifs entre 1963 et 1966, puis 69 ans ensuite. L’Italie, elle, a choisi d’indexer l’âge de départ à 67 ans sur l’espérance de vie.

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Dans le Sud, l’Espagne propose un modèle à deux vitesses pour partir à la retraite, selon le nombre d’années cotisées :

  • 65 ans pour ceux qui justifient de plus de 38 ans et 3 mois de carrière,
  • 66 ans et 8 mois dans les autres cas.

La Suède opte pour la flexibilité : on peut partir dès 63 ans, mais il faut attendre 65 ans pour toucher une pension complète. À l’Est, Pologne et Autriche maintiennent encore une différence d’âge entre hommes et femmes, même si cette distinction s’amenuise.

La moyenne européenne s’établit aujourd’hui autour de 65 ans. Mais la tendance n’est pas à la stabilité : chaque réforme, chaque ajustement repousse, lentement mais sûrement, le seuil de la retraite. L’Europe se dessine ainsi en patchwork, où chaque État avance à son rythme, entre résistance sociale et impératifs budgétaires.

Quels pays affichent les âges de départ les plus élevés et les plus bas ?

Les chiffres révèlent des contrastes saisissants sur l’âge effectif de départ à la retraite à travers l’Europe. En France, on part en moyenne à 61,5 ans en 2022, bien en-dessous de la moyenne de l’UE, alors que la loi prévoit désormais 64 ans pour les plus jeunes actifs. Cette singularité française ne tombe pas du ciel : elle s’explique par de multiples dispositifs de départ anticipé et des carrières souvent raccourcies, sans oublier une sortie précoce du marché du travail.

À l’autre extrémité, des pays comme le Portugal, la Suède ou l’Irlande affichent des âges effectifs qui frôlent ou dépassent les 65 ans. En Estonie, il n’est pas rare de voir certaines femmes quitter leur emploi après 65 ans, une exception continentale, fruit d’une participation prolongée et d’un relèvement progressif des seuils.

Les écarts entre hommes et femmes restent tenaces dans plusieurs États. En Pologne et en Autriche, l’âge effectif oscille entre 60 et 65 ans selon le sexe, même si ces différences tendent à s’atténuer. Au Luxembourg, on constate un départ moyen autour de 59,5 ans, preuve que l’Europe de l’Ouest cultive ses propres spécificités.

Voici quelques repères pour situer les extrêmes :

  • Âge effectif le plus bas : Luxembourg (59,5 ans), Belgique (61,2 ans), France (61,5 ans)
  • Âge effectif le plus élevé : Portugal (65,6 ans), Irlande (65,6 ans), Suède et Allemagne (65 ans), Estonie (femmes, plus de 65 ans)

L’âge effectif de sortie du travail ne colle donc pas toujours à la règle écrite. Entre souplesse des dispositifs, inégalités de parcours et mesures nationales, la réalité du départ s’éloigne souvent de la simple lecture des lois.

Pourquoi de telles différences d’un pays à l’autre ? Les facteurs qui expliquent les écarts

Impossible de résumer la mosaïque des régimes de retraite européens à une simple question d’âge légal. La diversité provient d’un enchevêtrement de décisions politiques, d’évolutions démographiques et de contextes économiques. Le vieillissement de la population accentue la pression : la durée de vie à la retraite ne cesse de s’allonger, forçant les gouvernements à revoir leur copie pour contenir les déficits.

Plusieurs États, comme les Pays-Bas, l’Italie ou la Suède, ont déjà instauré une indexation de l’âge légal sur l’espérance de vie, histoire d’adapter au plus près le système à la réalité démographique. À l’inverse, la France et la Belgique ont maintenu plus longtemps des seuils bas, souvent sous la pression sociale ou pour tenir compte de la pénibilité de certains métiers. Les dispositifs de départ anticipé (carrière longue, invalidité, exposition à des risques) continuent d’abaisser l’âge réel de départ, même après les réformes.

Le taux d’emploi des seniors pèse aussi lourd dans la balance. En Allemagne ou en Suède, plus de 70 % des 55-64 ans sont encore en activité, alors qu’en France, ce taux plafonne à 56 %. Selon les pays, le marché du travail n’ouvre pas les mêmes portes aux plus âgés : chômage, exclusion précoce ou préretraites viennent fausser la moyenne.

La générosité des pensions et les règles de calcul (taux plein, décote, durée de cotisation) influencent chaque choix individuel. En Espagne ou en Italie, il faut parfois cotiser très longtemps pour éviter une décote, ce qui repousse de fait l’âge de départ effectif. Difficile, dès lors, de comparer frontalement des pays aux réalités sociales et économiques si différentes. La réforme des retraites se joue, partout, sur un fil.

retraite pays

Conséquences sur la vie professionnelle et l’économie européenne

Le report de l’âge légal de départ à la retraite agit comme un révélateur sur le marché du travail des plus de 55 ans. En Europe, le taux d’emploi des seniors s’élève à 60,5 %, mais la France reste en retrait à 56 %. L’Allemagne, la Suède et le Danemark dépassent, eux, les 70 %. Même si la France a progressé depuis 1999, l’accès à l’emploi reste semé d’embûches pour les 55-64 ans, souvent confrontés au chômage ou à l’inactivité.

La durée moyenne de la retraite s’étire différemment selon les pays. Pour les femmes en France, elle dépasse 28 ans ; en Allemagne, elle se limite à 22,5 ans. Cette longévité pèse sur la soutenabilité financière des systèmes. Là où l’âge effectif de départ reste bas, France, Belgique, Luxembourg,, la pression sur les finances publiques arrive plus vite. À l’opposé, en Espagne ou en Suède, la majorité attend 65 à 69 ans pour liquider ses droits, ce qui réduit la période de versement des pensions.

Voici les principaux indicateurs qui traduisent ces disparités d’un pays à l’autre :

  • Âge effectif de départ à la retraite : 61,5 ans en France, 65 ans en Allemagne et en Suède.
  • Durée moyenne de retraite : 24 ans et 7 mois pour les hommes en France, 19,1 ans en Allemagne.
  • Taux d’emploi des seniors : 60,5 % dans l’UE, 56 % en France, plus de 70 % dans les pays nordiques.

La transition démographique vient encore complexifier l’équation. Dès 2026, la population de l’UE commencera à diminuer et le vieillissement s’accélérera. Les écarts d’âge de départ entre hommes et femmes, qui atteignent 3 à 4 ans en Grèce ou en Pologne, rendent l’idée d’un modèle unique illusoire. Relever l’âge de départ reste un levier, mais il ne règle ni l’accès à l’emploi des seniors, ni le casse-tête du financement à long terme.

À l’heure où chaque pays tente de trouver son équilibre, l’Europe de la retraite ressemble de plus en plus à un chantier permanent. L’avenir se dessinera-t-il entre allongement des carrières et nouvelles solidarités ? La réponse s’écrit, chaque année, dans les textes… et dans la réalité du quotidien.