Retraite en Europe : quel pays choisir pour s’y installer ?

1,2 million de retraités français vivent à l’étranger. Ce n’est pas un mirage statistique : c’est 8,2 % des pensionnés qui ont franchi la frontière. Le Portugal, la Grèce et l’Espagne se disputent la préférence des nouveaux venus, chacun avec ses atouts bien réels. Depuis 2024, le Portugal applique une retenue de 10 % sur les pensions étrangères, sans pour autant renier un coût de la vie encore largement sous la moyenne européenne. De son côté, la Grèce déroule le tapis rouge fiscal : 7 % d’imposition fixe pour les nouveaux retraités qui s’installent. L’Espagne, elle, ne se contente pas de la douceur de son climat : elle ouvre l’accès à son système de santé public aux résidents venus d’ailleurs, sous réserve de remplir les conditions. Mais sous cette surface prometteuse, les démarches administratives varient du tout au tout. Deux semaines de patience ici, six mois d’attente là-bas, pour obtenir un permis de résidence. Au bout du compte, stabilité politique et fiscalité orientent le choix final, car l’expatriation ne supporte pas l’à-peu-près.

Pourquoi de plus en plus de retraités choisissent l’Europe pour s’y installer

Le mouvement prend de l’ampleur : les retraités français, toujours plus nombreux, font le choix de l’Europe. Portugal, Espagne, Grèce, Italie : ces destinations arrivent en tête des départs, portées par trois moteurs principaux. Le climat, d’abord, souvent plus doux qu’en France. Le coût de la vie, ensuite, qui reste nettement plus abordable dans ces pays. Enfin, la fiscalité, souvent pensée pour attirer les nouveaux arrivants avec des régimes allégés.

Derrière chaque départ, il y a une logique. Certains veulent maximiser le montant réellement perçu de leur pension, d’autres cherchent un cadre de vie plus serein, ou souhaitent renouer avec une culture ou une famille installée à l’étranger. L’Indice Mondial de Retraite (GRI) de Natixis le confirme : santé, sécurité financière, qualité de vie et environnement sont scrutés à la loupe par les retraités. Le sud de l’Europe rafle la mise, grâce à une équation gagnante : un coût de la vie inférieur de 20 à 35 % à la France selon les régions, une fiscalité pensée pour les pensions étrangères, et le climat méditerranéen en prime.

Voici ce que chaque pays phare propose :

  • Portugal : climat tempéré, fiscalité à 10 % pour les nouveaux résidents, vie quotidienne accessible.
  • Espagne : conventions fiscales favorables, accès au système de santé, choix entre villes animées et bords de mer paisibles.
  • Grèce : taux d’imposition unique à 7 %, coût de la vie modéré, choix entre îles ou continent.
  • Italie : fiscalité allégée à 7 % dans le sud, culture foisonnante, proximité de la France.

Contrairement aux idées reçues, partir vivre sa retraite à l’étranger n’est pas réservé à une élite fortunée. Pour beaucoup, c’est au contraire l’occasion de préserver un pouvoir d’achat mis à mal par l’inflation, tout en gagnant en qualité de vie. Les conventions fiscales bilatérales jouent un rôle clé : elles évitent la double imposition, sécurisent les transferts de pensions, simplifient la paperasse. La proximité géographique et la stabilité politique rassurent, et facilitent le retour en France si besoin.

Quels critères privilégier pour trouver la destination idéale

Dans la balance, trois critères font la différence : fiscalité, coût de la vie, accès aux soins. Côté fiscal, les écarts sont parlants. Selon le pays, une pension française peut profiter de régimes très favorables : 10 % au Portugal, 7 % en Grèce ou dans le sud de l’Italie, exonérations partielles en Espagne. Les conventions fiscales évitent bien des mauvaises surprises : elles précisent où et comment les pensions sont imposées, aussi bien pour les revenus publics que privés.

Le coût de la vie, ensuite, doit être étudié de près. Les pays du sud de l’Europe, en particulier, permettent de vivre avec 20 à 35 % de moins qu’en France. Une pension moyenne suffit alors à couvrir logement, alimentation, loisirs, sans sacrifier le confort.

Enfin, la qualité de vie et l’accès à un système de santé fiable sont à évaluer avant de partir. Certains pays, comme l’Espagne ou le Portugal, offrent aux expatriés des infrastructures solides, sous conditions. Il faut vérifier les modalités d’accès, la reconnaissance des droits sociaux, la proximité des hôpitaux ou médecins francophones.

La sécurité quotidienne n’est pas à négliger : criminalité faible, administration stable, intégration culturelle sont autant de points à examiner. Privilégier un pays avec une communauté française établie et une administration accessible peut faire la différence au quotidien. L’intégration, la capacité à se faire un réseau sur place, influencent fortement la réussite de l’expatriation.

Un dernier conseil : préparer soigneusement son Plan d’Épargne Retraite (PER) avant le grand départ. Une bonne structuration permet d’optimiser fiscalité et patrimoine, quel que soit le pays choisi pour s’installer.

Panorama des pays européens plébiscités par les retraités

Choisir sa destination pour la retraite n’a plus rien d’une loterie. L’Indice mondial de retraite (GRI) 2024 de Natixis place la Suisse en tête du classement, saluée pour sa stabilité, son niveau de vie et son système de soins. Mais la Confédération impose un niveau de revenus élevé (plus de 45 000 €/an) et un coût de la vie difficilement comparable à celui du sud.

La péninsule Ibérique attire le plus grand nombre de retraités français. Portugal et Espagne misent sur un climat agréable, un accès facilité, une fiscalité pensée pour attirer les nouveaux venus. Le Portugal, malgré le relèvement de l’impôt à 10 % sur les pensions étrangères, conserve un régime très compétitif. L’Espagne, de son côté, propose en plus un système de santé performant et un coût de la vie sensiblement inférieur à la France.

Pour mieux visualiser les spécificités des pays attractifs, considérez les points suivants :

  • Grèce : taux forfaitaire de 7 % sur les pensions étrangères, coût de la vie abordable, environnement fiscal stable pour une dizaine d’années.
  • Italie (Sud) : fiscalité avantageuse avec un taux de 7 % sur les pensions étrangères, à condition de s’installer dans une zone éligible.
  • Bulgarie, Malte, Chypre : fiscalité légère, climat doux, coût de la vie minimal.

Ceux qui disposent de ressources plus importantes peuvent se tourner vers le Luxembourg, les Pays-Bas ou l’Irlande, offrant un cadre haut de gamme mais une fiscalité moins clémente. L’essentiel reste le rapport entre qualité de vie, coût et fiscalité. C’est ce qui explique le succès durable du sud de l’Europe auprès des nouveaux retraités français.

Femme retraitée regardant la mer depuis un balcon moderne

Vivre sa retraite à l’étranger : conseils pratiques pour une installation réussie

Démarrer sa retraite hors de France ne s’improvise pas. À chaque étape, il faut anticiper : démarches administratives, fiscalité, santé, organisation patrimoniale. Pour garantir le versement de ses pensions et éviter les blocages, prévenir sa caisse de retraite du changement de résidence est incontournable.

La question de la résidence fiscale se pose rapidement : chaque pays a ses règles, parfois complexes, sur l’imposition des pensions publiques et privées. Les conventions fiscales bilatérales restent la meilleure boussole pour éviter la double imposition. Côté Maghreb, Maroc et Tunisie maintiennent un abattement de 80 % sur les pensions transférées localement, sous réserve de respecter certaines conditions.

La santé, elle, ne doit pas être laissée de côté. Souscrire à une assurance santé internationale s’impose hors Union européenne, car les systèmes locaux ne couvrent pas toujours tous les besoins. Il est aussi prudent de vérifier ses droits auprès de la Sécurité sociale française si une partie de la pension reste versée depuis la France.

Pour faciliter l’installation, voici des démarches à entreprendre avant le départ :

  • Ouvrir un compte bancaire sur place pour gérer les dépenses courantes et recevoir ses pensions.
  • Demander suffisamment tôt un visa ou un permis de séjour, chaque pays ayant ses propres exigences.
  • Revoir sa succession et vérifier les clauses de son assurance vie, la législation locale pouvant modifier la transmission aux bénéficiaires.
  • Pour ceux qui détiennent un Plan d’Épargne Retraite (PER), choisir entre capital ou rente en fonction du projet de vie et de la fiscalité du pays d’accueil.

Au bout du parcours, la retraite à l’étranger ressemble moins à une parenthèse dorée qu’à une aventure réfléchie, où chaque choix compte. Décider où poser ses valises, c’est aussi se donner la chance de réécrire une nouvelle page, sous d’autres latitudes.